Remise de Palmes

Elisabeth m’a demandé l’an dernier si je refuserais les palmes académiques si on me les attribuait. J’ai failli répondre immédiatement que je n’en voulais pas, fidèle à ma méfiance envers l’ordre établi et ses symboles poussiéreux.

Mais bizarrement, cette question m’a un peu troublé (une hypoglycémie ? la crise de la cinquantaine ?), et je l’ai mise de côté.

Alors ont resurgi les quelques principes auxquels je crois. Enfin non, je n’y crois pas, mais j’ai décidé de les adopter comme axiomes : le progrès humain, la liberté, l’égalité et la fraternité.

Pourquoi ceux-la ? Probablement parce que ce sont ceux que j’ai appris à l’école républicaine, à laquelle je dois tant. Si je n’avais peur de vous lasser, je vous parlerais d’Ozoir la Ferrière, de la Brêche aux Loups, de M. et Mme Lecar, de Mme Lacour, Mme Börnstein, des cours de grec et d’Ulysse surgissant nu de son buisson, de Mme Bichat et puis aussi, si je m’en souvenais, je vous expliquerais comment réparer une Zundap en buvant du ricard tiède. Je vous parlerais aussi du quartier latin, de la loi Devaquet, de Michel Merle, Jean Giroire et Alain Grigis. Bref, vous l’avez compris, je ne pouvais que choisir le métier d’enseignant, et tenter de rendre à l’école au moins une partie de ce que je lui dois. En plus, j’ai toujours aimé faire le zouave devant un public.

Je considère que le travail doit porter en lui-même sa propre récompense – sinon à quoi bon - et il me semble avoir été particulièrement gâté : exercer le métier d’enseignant chercheur en mathématiques ici, parmi vous, est un grand privilège. Je me suis dit qu’accepter cette médaille pouvait être une bonne occasion de remercier les personnes que j’ai citées de leur bienveillance à mon égard, et surtout de vous en remercier vous tous.

En particuler Elisabeth dont l’amitié m’est précieuse et dont la confiance m’honore, Pierre Pansu et Alano Ancona avec qui j’ai partagé de longues séances de la commission des services, et Dominique Hulin avec laquelle nous avons quelques temps été les Laurel et Hardy de la licence de maths.

Même si cette médaille n’est pas directement liée à mes travaux de recherche, permettez moi de saisir l’occasion pour remercier quelques amis : Bernard Helffer, André Martinez, J. Sjöstrand et mes complices du chameau quantique : Jean-François Bony, Setsuro Fujiié et Maher Zerzeri.

Evidemment tout cela n’aurait pour moi pas de sens s’il n’y avait mes enfants Caroline, Baptiste et Alexandra, et Nathalie.

Merci à tous.