Département de mathématiques d'Orsay Département de mathématiques d’Orsay

Colloquium du laboratoire de mathématiques

Année 2013-2014


26 mai 2014
Lucien Birgé (Université Pierre-et-Marie-Curie, Paris-VI) : À la recherche d'un estimateur «universel» en régression
Un cadre statistique très répandu est le suivant : on observe des variables aléatoires réelles $X_1,\dots, X_n$ de la forme $X_i=f_i+\varepsilon_i$, où les $f_i$ sont des paramètres inconnus et les $\varepsilon_i$ des variables aléatoires réelles inobservables (erreurs), indépendantes et de même loi.
Un tel cadre, dit de régression, (et ses très nombreuses extensions) est utilisé pour modéliser de nombreux phénomènes réels (économiques, agronomiques, industriels, etc.) pour lesquels il est très important de connaître le vecteur des $f_i$ qui se présente le plus souvent sous la forme $f_i = f(x_i)$ où $f$ est une fonction inconnue ou incomplètement connue et $x_i$ une quantité connue mais éventuellement de grande dimension. Le problème que nous voulons résoudre est celui de la reconstruction approchée du vecteur des $f_i$ ou de la fonction  $f$ à partir des $X_i$ en faisant un minimum d'hypothèses.
Un cas particulier simple est celui d'une fonction $f$ constante : $f_i = \theta $ pour tout $i$. Même dans ce cadre, nous verrons que l'estimation du paramètre inconnu $\theta$ est difficile si la loi des erreurs $\varepsilon_i$ est inconnue ou mal connue.
Le travail que nous allons présenter est issu d'une collaboration avec Yannick Baraud et Mathieu Sart.


28 avril 2014
Mireille Bousquet-Mélou (CNRS, Université de Bordeaux) :
Le dénombrement de chemins confinés dans un cône a fait l'objet de nombreux travaux ces dernières années et mené à de beaux résultats, qui font appel à une variété de méthodes attrayante. La question de base (en deux dimensions) est la suivante : on se donne un ensemble de pas autorisés --- mettons Nord-Est, Est, Ouest et Sud-Ouest, c'est-à-dire $(1,1)$, $(1,0)$, $(-1,0)$ et $(-1,-1)$ --- et on considère les chemins issus de $(0,0)$, formés de tels pas, et qui ne sortent jamais du quart de plan positif. Quel est le nombre $a_n$ de tels chemins formés de $n$~pas ? Quelle est la série génératrice $A(t):= \sum_n a_n t^n$ associée ? Surtout, quelles sont les propriétés de cette série ? Est-elle rationnelle, algébrique, ou plus généralement holonome, c'est-à-dire solution d'une équation différentielle linéaire à coefficients polynomiaux ? On sait maintenant répondre à ces questions pour tous les ensembles de pas «petits», c'est-à-dire variant de 0, +1 ou -1 le long de chaque axe : la série $A(t)$ est holonome si et seulement si un certain groupe, associé à l'ensemble de pas autorisés, est fini. Les méthodes utilisées pour aboutir à cet énoncé net sont variées : de l'algèbre sur les séries formelles, de l'analyse sur les séries holonomes, des probabilités, de l'analyse complexe, et du calcul formel. Je ferai un petit panorama de tout cela, et j'évoquerai des travaux plus récents sur le cas de trois dimensions. Et pour ceux qui se demandent encore ce qu'il en est de l'exemple ci-dessus : $A(t)$ est non seulement holonome mais en fait algébrique, de degré 8, et ça n'est pas facile à prouver.


10 mars 2014
Michel Ledoux (Université Toulouse-III) : Comment l'équation de la chaleur explore-t-elle des inegalités fonctionnelles et géométriques ?
L'équation de la chaleur et le flot ou semigroupe qu'elle engendre permettent d'accéder, par monotonie, à des familles d'inégalités fonctionnelles et géométriques, depuis l'inégalité classique de Hölder et ses extensions multilinéaires de Brascamp-Lieb jusqu'à des inégalités de convolution et des inégalités isopérimétriques. L'exposé illustrera quelques uns de ces exemples, ainsi que des applications récentes sur la sensibilité au bruit en analyse booléenne et le théorème « majority is stablest ».


10 février 2014
Ernst Hairer (Université de Genève) : Analyse à long terme des oscillations numériques et analytiques
Pour des équations différentielles, nous considérons deux types d’oscillations. Le premier type apparaît lorsque des équations différentielles hamiltoniennes so nt discrétisées avec des méthodes multi-pas. On obtient des oscillations numériq ues ou artificielles qui sont dues à la présence de termes parasites. Le second type est inhérent aux équations différentielles. Il apparaît dans des problèmes de modèles pour la dynamique moléculaire qui sont souvent des perturbations non linéaires des oscillateurs harmoniques. Dans les deux cas, le contrôle des oscillations est l'ingrédient essentiel pour obtenir un aperçu du comportement de la solution à long terme.
Dans la preuve, nous utilisons la technique de «développement de Fourier modulé». Le fait remarquable est que les mêmes idées qui permettent d'obtenir le comportement à long terme de solutions numériques des méthodes multi-pas, peuvent également être appliquées pour obtenir des informations sur la conservation de l'énergie oscillatoire des systèmes hamiltoniens multi-échelle.
Les résultats présentés ont été obtenus en collaboration avec Christian Lubich, David Cohen, Ludwig Gauckler et Paola Console.


13 janvier 2014
Eva Bayer (EPFL) : Corps de nombres euclidiens et minima euclidiens
Comment se généralise la division euclidienne aux anneaux d'entiers de corps de nombres algébriques ? C'est là un sujet classique; nous en résumerons les résultats (anciens et nouveaux) les plus importants, et nous discuterons d'une question liée, celle des minima euclidiens.


16 décembre 2013
Arnaud Chéritat (CNRS, Université Bordeaux 1) : Redressement du carré
Que se passe-t-il si on modifie la structure conforme du plan complexe, en remplaçant un carré par un rectangle très plat ? Nous ferons le lien avec la formule de Schwarz-Christoffel et montrerons une limite inattendue.


18 novembre 2013
Stéphane Mallat (Département d'informatique, École normale supérieure) : Invariants par ondelettes sur des groupes pour la classification de signaux
La classification de sons et d'images nécessite de construire des invariants relativement à des groupes de transformations. Les invariants issus de la transformée de Fourier ne sont pas utilisables, car ils ne sont pas stables lorsque les signaux sont déformés par des petits difféomorphismes. Nous introduisons une transformée de « scattering », invariante sur un groupe, qui s'obtient en cascadant des transformées en ondelettes et des non-linéarités ponctuelles. On montrera que l'opérateur de scattering est Lipschitz relativement à l'action de difféomorphismes. Les applications pour la classification d'images et de sons seront illustrés avec des invariants sur les groupes de translations, rotations et de transpositions fréquentielles.


14 octobre 2013
Serge Cantat (CNRS, Université de Rennes 1) : Le groupe de Cremona
Le groupe de Cremona est le groupe formé de toutes les transformations birationnelles du plan dans lui-même. Si $(x,y)$ désigne un système de coordonnées cartésiennes, les éléments du groupe de Cremona sont donc des transformations du plan qui s’expriment à l’aide de fractions rationnelles en $(x,y)$. Je décrirai quelques propriétés de ce groupe en le comparant à d’autres groupes de transformations.


23 septembre 2013
Laure Saint-Raymond (Université Pierre-et-Marie-Curie, École normale supérieure) : De la dynamique de Newton au mouvement brownien
Le but de cet exposé est de montrer comment on peut obtenir de façon rigoureuse le mouvement brownien à partir d’un système déterministe de sphères dures quand le nombre de particules tend vers l’infini, et que leur diamètre tend simultanément vers zéro. Comme le suggère Hilbert dans son sixième problème, on utilisera l’équation de Boltzmann linéaire comme niveau de description intermédiaire de la dynamique d’une particule marquée. On discutera en particulier l’origine de l’irréversibilité, propriété fondamentale du mouvement brownien et de l’équation de Boltzmann qui n’a pas d’équivalent au niveau microscopique.
Antoine Chambert-Loir, Yves Cornulier, Élisabeth Gassiat, Évelyne Miot —